Le XXe siècle a vu l’avènement de la puissance impériale américaine, une puissance qui s’est affirmée dans le domaine économique et militaire mais qui s’exprime aussi par une volonté de domination culturelle visant tout particulièrement les pays européens. La France comme ses voisins du vieux continent doit donc faire face à une offensive savamment orchestrée, qui cherche à conditionner ses citoyens, à placer ses dirigeants sous influence et plus globalement à américaniser sa société. Et ce processus dont beaucoup n’ont pas conscience transforme insidieusement notre nation, compromet son indépendance et obère son identité.
Un appareil culturel offensif
À la différence de la France qui ne voyait dans le cinéma qu’un objet culturel sans portée politique, les États-Unis ont en effet très tôt utilisé et développé leurs moyens d’influence culturelle comme le cinéma pour promouvoir et défendre leurs intérêts stratégiques. Dès mai 1946, les accords Blum-Byrnes lient ainsi l’aide américaine pour la reconstruction de notre pays à l’ouverture du marché français du cinéma aux productions hollywoodiennes.
Depuis cette époque, les Américains n’ont cessé de renforcer leur emprise, servis par une industrie du cinéma, de la télévision et maintenant d’Internet qui leur offre un quasi-monopole dans le domaine des médias au sens le plus large du terme. Une situation qui leur permet de toucher un très large public dans tous les pays et de les influencer par l’ampleur et la diversité des vecteurs qu’ils contrôlent.
Le formatage des Français
S’appuyant sur la puissance de leurs moyens, les Américains ont entrepris de promouvoir leur vision du monde, celle qui s’attache à l’American way of life, mais aussi, en une curieuse promiscuité, celle de l’establishment comme celle des contestataires underground. Ainsi l’appareil culturel américain véhicule-t-il notamment le culte de l’individualisme, la banalisation de la violence, la loi de l’argent et la valorisation des minorités. Mais Hollywood a joué aussi un rôle important dans la promotion de l’homosexualité et du féminisme. Ce qui ne l’empêche pas de servir parallèlement des intérêts américains plus officiels lorsque ses films stigmatisent les ennemis des États-Unis et valorisent la nation américaine et son armée.
Le modèle d’outre-Atlantique a dès lors progressivement envahi l’univers des Européens, faisant disparaître des écrans les productions consacrées au passé et aux héros du vieux continent. Subissant au fil des années un véritable formatage des esprits, les Français comme les Européens se trouvent progressivement imprégnés d’américanisme.
C’est donc un gigantesque travail de propagande qui s’accomplit sans que personne ne l’identifie comme tel. Le résultat est là car l’essentiel des évolutions sociétales qui ont déconstruit nos valeurs en Europe et dans notre pays ont été importés d’outre-Atlantique, qu’il s’agisse de la pédagogie dite non directive, de la libération des mœurs, de la promotion des droits des minorités, du féminisme agressif, de la théorie du genre, de la judiciarisation des rapports sociaux ou encore du concept même de politiquement correct.
La mise sous influence des dirigeants
Mais si l’action culturelle américaine réussit à conditionner ou à contaminer la population en général, elle s’intéresse plus particulièrement au dirigeants et futurs dirigeants de notre pays afin d’en faire des affidés capables de soutenir les intérêts américains en tout lieu et en toute circonstance. Pour atteindre cet objectif, les États-Unis s’appuient d’abord sur le réseau très puissant de leurs professionnels à travers le monde, ainsi que sur les nombreux cadres qu’ils ont formés dans leurs universités. Mais la méthode de mise sous tutelle la plus efficace et la plus pernicieuse est celle des Young Leaders, un club créé à l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing et de Gerald Ford dans le cadre de la Fondation franco-américaine dont le but inavoué mais évident est de formater de nombreux jeunes dirigeants français, y compris de futurs présidents de la République.
Le résultat de cette stratégie d’influence est à cet égard spectaculaire. Les classes dirigeantes sont en effet devenues américanophiles et, non contentes de soutenir les États-Unis, elles voient en eux la source des lumières et du progrès.
L’américanisation de la société
Comment s’étonner dès lors que les membres du Système renoncent en maintes occasions à parler leur langue pour s’exprimer en anglais, allant même jusqu’à promouvoir l’américain comme vecteur de communication au sein de l’Union européenne ? Cette trahison de la langue française au bénéfice de l’anglais est d’ailleurs générale puisqu’aujourd’hui il n’est plus un titre de film, un slogan publicitaire, un nom de produit, une enseigne de magasin qui ne soit tiré de l’anglais.
Un phénomène qui touche la société toute entière comme on peut le constater en observant dans la rue les nombreux Français qui arborent sans complexe des vêtements ornés du drapeau américain ou agrémentés de phrases en anglais. Il en va de même de la chanson aujourd’hui largement anglophone ainsi que des menus de restaurant où les hamburgers figurent dorénavant en bonne place. De bas en haut de la hiérarchie sociale, d’un bout à l’autre de l’Hexagone, la France est culturellement en voie d’américanisation.
La vassalisation de la France
Cette américanisation de la société conduit naturellement à la vassalisation de la France et de l’Europe. La dépendance culturelle favorise la dépendance économique, la dépendance militaire et diplomatique, et celles-ci, comme dans un cercle vicieux, viennent ensuite conforter et amplifier la colonisation culturelle. Or, ce phénomène, au-delà de la France, touche l’Europe entière qui voit ainsi son identité culturelle s’estomper et sa civilisation se diluer.
Les États-Unis ne sont pas un allié bienveillant et désintéressé mais un tuteur envahissant et exigeant. L’Europe ne se redressera qu’en se libérant de leur tutelle et de leur influence.
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