Le populisme a le vent en poupe en Europe et suscite partout des débats passionnés. Ligne droite, pour sa part, voit dans ce phénomène un symptôme intéressant à prendre en compte mais non un modèle politique à imiter. La droite nouvelle doit en effet se fixer pour objectif de gouverner et, pour ce faire, il lui faut réunir les compétences nécessaires et surtout représenter le peuple dans ses différentes composantes, depuis les classes populaires jusqu’aux classes dirigeantes. La droite nouvelle doit donc se positionner au-delà du populisme.
Le populisme, symptôme d’un malaise profond
Lorsque la vie publique est complètement verrouillée par un système oligarchique composé de responsables politiques et médiatiques qui tiennent tous un discours stéréotypé entièrement calqué sur la pensée unique, il est logique en effet que certains partis se forment pour recueillir les voix de ceux qui souffrent de cet enfermement idéologique. Et il est logique également que les porte-parole de ces partis se livrent à des provocations verbales, émettent des discours simplificateurs ou manifestent une nostalgie ostentatoire pour le passé, car ces pratiques constituent autant de marqueurs anti-système qui amènent leurs électeurs à les rejoindre. Des électeurs qui le font parfois avec d’autant plus d’empressement que cet usage de l’outrance, en scandalisant les bien-pensants, leur apporte une satisfaction jubilatoire.
Le bilan mitigé du populisme
Pour autant, les mouvements populistes sont loin de servir comme il le faudrait les idées qu’ils défendent. Car, en dehors de la pression politique que leurs scores électoraux leur permettent d’exercer, force est de constater que leur bilan est par ailleurs mitigé. Les idées justes et bénéfiques qu’ils défendent sont souvent caricaturées par la façon provocatrice, simpliste ou passéiste dont ils les présentent, ce qui peut durablement les discréditer auprès du reste de la population et à terme rendre plus difficile leur mise en œuvre politique.
Par ailleurs, leur posture et leur discours les amènent à recruter principalement dans les milieux populaires et poussent les cadres de la société à s’éloigner d’eux. Beaucoup le font par conviction politiquement correcte, mais certains d’entre eux, qui partagent les valeurs défendues par ces partis, rechignent cependant à les rejoindre en raison de leur approche souvent caricaturale.
De ce fait, manquant de cadres et de doctrine, les mouvements populistes semblent incapables d’exercer les responsabilités du pouvoir. Même s’ils parviennent occasionnellement à mettre en avant des personnalités de qualité, même s’ils réussissent à nouer des alliances électorales et parfois même à accéder à des postes gouvernementaux, les résultats qu’ils obtiennent sont en général très modestes.
La droite nouvelle doit s’écarter du populisme
Aussi la droite nouvelle doit-elle éviter ce travers et Ligne droite considère qu’elle ne doit donc pas se positionner comme un mouvement populiste. Il est important qu’elle se fasse le porte-parole des classes populaires dans leurs aspirations les plus fortes à l’identité et à la sécurité, mais son discours doit rester compatible avec celui d’un grand mouvement de gouvernement. Car il lui faut obtenir non seulement le soutien des classes populaires mais aussi celui des classes moyennes et d’une partie des élites. D’où l’impératif de construire un discours qui rompe avec le politiquement correct mais qui, dans le même temps, s’intègre à un projet crédible.
Un positionnement populaire, non populiste
Pour ce faire, la droite nouvelle doit réussir à construire une force politique originale qui soit anti-système sans être populiste et qui soit apte à gouverner sans être coupée des Français. Une force qui ait un projet en rupture avec la pensée unique sans être ignorante des réalités du monde. À cette fin, il lui faut notamment réussir à décliner son projet selon trois niveaux de pertinence. Il s’agit d’abord de tenir le discours simpliste et percutant des campagnes de terrain. Il importe parallèlement qu’elle puisse défendre les mêmes idées sous la forme d’un programme gouvernemental sérieux. Enfin, elle doit être capable d’étayer ce discours au plan idéologique et conceptuel pour en montrer la cohérence et les perspectives dans lesquelles elle s’inscrit.
Un positionnement apte à convaincre une partie des élites
Si elle adopte cette ligne et si elle réussit cette construction politique, la droite nouvelle sera en mesure de séduire les classes populaires, mais aussi une partie des élites. Certains membres de la classe dirigeante pourront en effet être convaincus par l’envergure de son projet et l’avenir qu’il ouvre à notre pays comme à notre civilisation. En particulier, la vision géopolitique qui est la sienne fondée sur la prise en compte du choc des civilisations et sur la refondation de l’Europe pour en faire un pôle de puissance sont en effet de nature à attirer des cadres de haut niveau qui connaissent les réalités du monde multipolaire d’aujourd’hui.
En clair, la droite nouvelle doit pouvoir incarner les différentes classes sociales et rassembler tout le peuple français. Pour cela, il lui faut se positionner au-delà du populisme.
25 novembre 2017
Crédit photo : efes via Pixabay cco