La promotion de l’intelligence artificielle mais le refus du transhumanisme

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Le développement fulgurant du numérique et des nouvelles technologies est de nature à apporter des bouleversements majeurs dans l’organisation de la société. Une évolution qui peut être une chance pour la France et l’Europe si ces mutations sont vécues comme un progrès et si les structures économiques et étatiques s’y investissent pleinement. En contrepartie, il est essentiel de fixer des limites éthiques à l’utilisation de ces techniques. Si elles doivent servir les hommes dans tous les aspects de leur vie personnelle et professionnelle, elles ne doivent en aucune façon chercher à les transformer sous prétexte de les améliorer. Le transhumanisme est à proscrire.

Les nouvelles technologies sont porteuses de bienfaits pour les hommes comme les sociétés

Le développement des sciences et des techniques caractérise depuis des siècles l’homme occidental et constitue l’un des fondements de la civilisation qui est la sienne. Aussi, l’essor spectaculaire de toutes les techniques informatiques et de leurs nombreuses applications doit-il être vécu comme une nouvelle étape du progrès scientifique et technique telle que l’Europe en a déjà connu de nombreuses. Un robot est à cet égard de la même nature qu’un métier à tisser ou une machine à écrire, c’est une invention faite par l’homme pour l’homme. Aussi ne faut-il pas chercher à brider le développement de ces technologies mais au contraire l’encourager car elles sont facteurs de progrès.

Le développement de l’intelligence artificielle ouvre des perspectives particulièrement fécondes

Cette priorité donnée aux nouvelles technologies doit concerner tout particulièrement le développement de l’intelligence artificielle qui ouvre des perspectives très prometteuses. Des systèmes informatiques simulant des réseaux de neurones sont en mesure d’apprendre un certain nombre de tâches complexes qu’ils exécutent ensuite plus rapidement et plus efficacement que l’homme. C’est ainsi que les examens radiologiques peuvent être analysés avec une rapidité et une précision bien supérieures à celles d’un radiologue.

L’État pourra résoudre les problèmes économiques et sociaux posés par les nouvelles technologies

Cette efficacité conduit cependant certains à redouter que la machine ne surpasse l’homme. Ligne droite estime que cette crainte n’est pas fondée et que la supériorité de la nature humaine sur les machines ne saurait être mise en cause. L’intelligence humaine ne peut en effet être comparée à une machine numérique, au demeurant finie, tant le champ des possibilités offert par le cerveau analogique de l’homme semble illimité.
D’autres s’inquiètent des distorsions sociales que pourrait engendrer le recours à ces nouvelles technologies. S’agissant de la médecine, ne vont-elles pas, en raison de leur coût, créer une médecine à deux vitesses réservant ces soins sophistiqués à une petite caste seule capable de les financer ? Sur le plan social, ne vont-elles pas raréfier encore plus le travail, alors que notre pays connaît déjà un fort taux de chômage ? Sans méconnaître ces difficultés potentielles, Ligne droite estime que les problèmes de cette nature pourront être résolus harmonieusement dès lors que l’État aura été remis au service du bien commun.

L’Europe doit s’investir plus massivement dans l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies

Aussi faut-il encourager la recherche et le développement de l’intelligence artificielle, laquelle générera, comme toutes les innovations techniques, des améliorations de la condition humaine permettant par exemple de libérer les hommes des tâches les plus répétitives. Ligne droite préconise donc de constituer en France et à l’échelle de l’Europe un pôle de recherche et de développement consacré à l’intelligence artificielle avec l’objectif de placer notre continent en tête dans ce domaine.

Le progrès technologique ne doit pas être sacrifié par crainte des dérives éthiques

Le développement de ces technologies pourrait cependant conduire à des excès ou à des dérives contraires à nos valeurs de civilisation si elles devaient porter atteinte à l’intégrité des personnes ou à leur libre arbitre. Mais, s’il est nécessaire d’encadrer l’utilisation de ces technologies par quelques règles simples et strictes, il serait préjudiciable d’y renoncer, compte tenu des progrès considérables qu’elles peuvent apporter. En médecine notamment, les retombées du développement numérique peuvent aider les hommes à guérir de leurs maladies ou à mieux supporter leurs handicaps. Grâce à ces technologies il sera possible par exemple d’améliorer la vision ou de soigner les maladies neurologiques par l’assistance de puces numériques. Des progrès éthiquement incontestables qu’on peut mettre sur le même plan que l’assistance cardiaque par un pace-maker ou l’assistance au mouvement par des prothèses.

Le transhumanisme peut conduire à des excès aussi dangereux que le vieux rêve utopique de la gauche

Certaines firmes mondialisées ou des pays comme la Chine, apparemment dépourvus de toute retenue éthique, envisagent cependant d’aller beaucoup plus loin avec, par exemple, le projet d’implanter des puces numériques dans le cerveau humain afin d’en améliorer les performances. Une démarche qui change de perspective car elle fait passer de l’aide aux personnes à leur amélioration intrinsèque.
Des perspectives qui ouvriraient la possibilité de manipulations particulièrement inquiétantes : les égalitaristes pourraient y trouver le moyen de créer une population aux capacités intellectuelles identiques, les révolutionnaires de couper l’homme de ses racines par l’implantation d’une culture commune, les mondialistes de réaliser leur rêve de suppression des nations qui disparaîtraient faute de différences culturelles et les firmes mondialisées d’avoir un pôle de consommateurs ayant les mêmes aspirations. Sans parler du politiquement correct qui pourrait être implanté directement dans les cerveaux. On retrouve là le vieux rêve révolutionnaire de création de l’homme nouveau cher à Robespierre et à Pol Pot. Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est la Chine post-communiste qui tente d’être en pointe dans ce domaine.

Il faut établir des règles pour proscrire le transhumanisme

Pour Ligne droite, il y a là une limite à ne pas franchir et qui doit être clairement explicitée. Autant les nouvelles technologies sont justifiables quand il s’agit de soigner ou d’aider l’homme, autant elles doivent être proscrites s’il s’agit de le transformer. Telle est déjà la règle dans le domaine sportif où il existe un consensus international contre toute amélioration artificielle des capacités physiques. Aussi serait-il souhaitable pour généraliser cette conception que l’Europe, forte de son héritage civilisationnel, prenne l’initiative d’une négociation internationale afin de définir les règles éthiques qui devraient s’imposer à tous dans ce domaine.

Il faut encourager le développement de l’intelligence artificielle mais interdire tout ce qui relève du transhumanisme.

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