Depuis des décennies, la classe politique se refuse à envisager ouvertement la sélection à l’entrée de l’université. Celle-ci serait anti-républicaine, anti-sociale et finalement amorale. Pour Ligne droite, au contraire, la sélection est un moyen vertueux permettant à chacun de trouver dans le système éducatif une place qui soit conforme à ses goûts et à ses capacités.
Le libre accès aux filières universitaires est une utopie
L’absence de sélection montre en effet quotidiennement ses graves inconvénients. Ce n’est pas un hasard si les actuelles filières sélectives, comme celles des ingénieurs ou des médecins, débouchent sur un métier, alors que les filières universitaires, qui n’ont pour but officiel que la transmission d’un savoir pur ouvert sans limitation à qui veut le recevoir, fabriquent beaucoup de chômeurs. Cette conception idéalisée de l’université représente en effet une triple utopie. Une utopie matérielle car, évidemment, si les 840 000 bacheliers souhaitaient tous s’inscrire en lettres classiques, il serait impossible de les accueillir et de leur trouver suffisamment de professeurs. Une utopie sociale car la demande est forte pour que les études supérieures débouchent sur un emploi, et cela ne peut se faire que si le nombre de places offertes aux étudiants est corrélé à la réalité économique. Une utopie pédagogique enfin, car de nombreux étudiants n’ayant pas les moyens intellectuels de suivre la formation dans laquelle ils s’engagent courent à l’échec, comme c’est le cas actuellement pour 60% d’entre eux.
La gauche ne cesse de brandir un « droit au savoir » qui ferait partie du « pacte républicain » au nom duquel tout bachelier pourrait s’inscrire dans la filière de son choix. Dans les années soixante, le système pouvait fonctionner selon ce principe, car, avec 60 000 bacheliers seulement, c’était le bac qui opérait la sélection en amont. Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, la sélection est toujours présente mais elle se fait par l’échec lors de la première année de faculté.
La sélection par le mérite, une vertu républicaine
Dans le système d’enseignement supérieur de masse que connaît aujourd’hui la France, l’État a donc un impérieux devoir de régulation des flux et la méthode la plus juste consiste à sélectionner les étudiants en fonction de leurs savoirs et de leurs capacités. Toute société saine s’organise autour de la sélection des plus aptes et des plus compétents, lesquels forment dans chaque domaine les élites dont elle a besoin. Le Système est quant à lui opposé à la sélection car au fond il n’accepte pas de reconnaître l’inégalité et la diversité des talents. Pourtant, l’inégalité fait partie de la nature humaine, ce qui ne signifie pas qu’il existe une hiérarchie intrinsèque entre les individus mais qu’en revanche il est possible de les classer selon leur aptitude à exercer une fonction donnée. Il s’agit donc de sélectionner non pas une élite mais des élites, lesquelles peupleront les diverses strates du corps social.
Le moyen opérationnel de la sélection est l’examen ou le concours. Et on ne dira jamais assez à quel point des épreuves exigeantes sont éminemment formatrices, y compris pour ceux qui y échouent, que ce soit au niveau de l’agrégation ou du CAP. Refuser la sélection à l’université en s’accrochant à un modèle dépassé et coupé des réalités, c’est donc cantonner celle-ci dans une position de seconde zone au sein du système d’enseignement supérieur. C’est aussi faire un choix anti-démocratique car les Français plébiscitent, de leur côté, les formations sélectives dans tous les domaines et à tous les niveaux.
La sélection pour revaloriser toutes les formations
La sélection généralisée devrait donc permettre à chacun de s’épanouir dans la voie qui lui convient le mieux. Or, la situation est actuellement bloquée car le Système a institué de fait une hiérarchie des formations. La formation générale purement universitaire est considérée comme très supérieure à une formation plus axée sur des savoirs opérationnels qui serait elle-même supérieure aux formations pratiques, professionnelles et techniques. Le système est conçu linéairement de la maternelle vers la formation générale universitaire, les autres voies étant peu valorisées ou n’offrant aucune issue. C’est dès lors la sélection par l’échec qui est mise en œuvre selon la logique cynique du « cartel de Davos » : le monde aurait besoin de 1% de gens qui réfléchissent, les autres ayant vocation à n’être que des « cliqueurs ». Vu ainsi, le système produit son quota de penseurs et tant pis pour les laissés-pour-compte !
Pour Ligne droite, au contraire, il ne doit pas y avoir de hiérarchie entre les différents types de formation. Le travail manuel peut être aussi noble que l’activité de bureaucrate. La sélection que doit mettre en œuvre la droite nouvelle doit donc permettre de promouvoir les meilleurs et les plus motivés dans chaque voie, qu’elle soit professionnelle ou universitaire, sans considération de hiérarchie entre elles. Il faut débarrasser notre système éducatif des a priori issus des Lumières qui magnifient la raison pure au détriment des savoir-faire. La structure du système éducatif doit donc se présenter davantage comme une toile arborescente aux multiples connexions et l’on peut compter sur l’esprit d’initiative des différents acteurs de l’appareil éducatif pour mettre en place des formations innovantes et adaptées à la demande. La sélection ainsi conçue ouvre en effet la porte à un système éducatif dynamique, fondé sur l’innovation et la compétition, à l’image de la vie. Transformer les voies d’échec en voies sélectives qui seront alors choisies positivement est la clef qui assurera la revalorisation de l’enseignement professionnel et des métiers.
La sélection garante de l’ascension sociale
La gauche prétend que la sélection se fait au bénéfice des classes sociales aisées. Mais c’est la politique égalitariste anti-sélective pratiquée au lycée qui conduit au désastre social. La part des catégories défavorisées dans les effectifs scolaires est en effet divisée par deux de la sixième à la terminale générale, laissant au bord de la route d’innombrables enfants. Avec la sélection dynamique ceux-ci auraient pu trouver une voie conforme à leurs goûts et à leurs capacités avec de surcroît la possibilité d’intégrer l’élite de leur domaine.
Ligne droite propose donc de tourner le dos aux vieilles lunes de la gauche pour construire un enseignement moderne, diversifié, enraciné, innovant et élitiste où la sélection opérera à différents niveaux au bénéfice de tous.
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