Trop souvent l’action gouvernementale se trouve paralysée ou dénaturée par des déclarations contradictoires toutes effectuées par des personnalités autorisées. Le pouvoir s’en trouve discrédité et sa légitimité affaiblie. Ligne droite estime en conséquence que la droite nouvelle doit éviter de tels cafouillages et pour cela se préparer très en amont. Elle doit notamment obtenir des futurs responsables un engagement sans faille, établir des règles strictes et créer une culture du combattant politique fondée sur l’esprit de solidarité et de discipline.
La cacophonie est le pire des dysfonctionnements politiques
La cacophonie est en effet de tous les dysfonctionnements qui peuvent affecter l’action gouvernementale le plus grave et le plus fréquent. Combien de fois en effet a-t-on entendu les déclarations d’un ministre, contredites quelque temps après par l’un de ses collègues, faire ensuite l’objet d’une mise au point du Premier ministre, elle-même rectifiée quelques heures plus tard sur ordre de l’Élysée ? Et que dire des déclarations dissonantes des parlementaires membres de la majorité qui n’hésitent pas à exprimer un désaccord avec le gouvernement ou une opposition à l’un de ses projets ?
Les prises de position dissonantes discréditent l’exécutif
Ces cafouillages au sein du pouvoir sont souvent présentés comme la conséquence de la démocratie interne et de l’esprit d’ouverture et de tolérance qui règnerait au sein des formations majoritaires. Mais, quelle que soit l’explication qui en est donnée, rien ne peut effacer l’image qu’ils renvoient. Une image de désordre, d’impréparation, de division et de manque d’autorité qui ne peut que discréditer l’exécutif. Plus grave encore, ces dysfonctionnements brouillent le message du gouvernement, conduisant les Français à ne plus savoir clairement ce qu’il veut, où il va et donc à douter de la pertinence de son action. Enfin, ces divergences de position peuvent, si elles se prolongent et si elles se cristallisent, provoquer des fractures au sein de la majorité qui compromettent l’autorité du Premier ministre voire le privent du soutien parlementaire dont il a besoin.
Se préparer avant l’arrivée au pouvoir
Ces dysfonctionnements s’expliquent principalement par le fait que les dirigeants de la classe politique ne disposent pas de réelles marges de manœuvre pour agir ce qui les conduit à se consacrer à la communication plutôt qu’à l’action. Un gouvernement issu de la droite nouvelle ne se trouvera pas dans la même configuration puisqu’il commencera par redonner du pouvoir au pouvoir. Dès lors la communication servira l’action gouvernementale et non l’ego de tel ou tel. Elle ne sera plus destinée à laisser croire que les ministres agissent mais elle accompagnera leur action.
Même si elle sera de ce fait moins exposée à ce type de dérives, Ligne droite estime cependant indispensable que la droite nouvelle s’organise pour les éviter. À cette fin, le plus important est de créer un état d’esprit qui pousse à la cohésion et à l’unité et d’énoncer quelques règles fortes qui encadrent l’activité des ministres et des parlementaires. Mais, dans tous les cas, c’est bien avant l’arrivée au pouvoir qu’il convient d’assurer cette préparation.
Obtenir un engagement de tous sur le projet à réaliser
Dans cet esprit, il est d’abord essentiel que le programme détaillé qui sera mis en œuvre en cas de victoire électorale soit précisé longtemps à l’avance et que tous ceux qui, comme parlementaires ou comme ministres, seront amenés à le mettre en œuvre s’engagent clairement à le soutenir.
Créer une culture de « combattant politique »
Il est capital par ailleurs de créer très en amont une culture de « combattant politique » visant à établir entre les membres de la droite nouvelle une solidarité et un esprit de discipline qui s’apparentent à ceux des soldats sous le feu. À cet égard les attaques que ne manquera pas de subir la droite nouvelle dès lors qu’elle s’écartera du politiquement correct devront être exploitées pour renforcer cette solidarité et cette discipline.
Ainsi, par exemple, il conviendra d’instituer des règles strictes pour l’accès aux médias. Ce ne sont pas en effet les journalistes qui doivent choisir les porte-parole du mouvement mais ses responsables. Les parlementaires devront donc suivre à cet égard les consignes qui leur seront données.
Dans cet esprit, celui qui ne songe qu’à sa carrière et qui, pour ce faire, cherche à exister médiatiquement en affichant des désaccords avec son mouvement, doit être stigmatisé et les personnalités portées à ce type de comportement systématiquement écartées.
Faire respecter des règles fixant le rôle de chacun
Sur le plan gouvernemental la cohésion doit être encore plus forte et résulter là aussi d’un esprit de solidarité sans faille et de la stricte observance de quelques règles simples. Le projet détaillé du gouvernement étant préparé de longue date, chaque ministre doit s’y tenir sans la moindre improvisation. Lorsqu’un projet est lancé, un plan de communication est préparé et toute l’équipe gouvernementale doit l’appliquer à la lettre chacun dans son rôle. Le principe de non-contradiction entre les membres du gouvernement doit par ailleurs être appliqué avec rigueur, de même que le respect de la hiérarchie institutionnelle des fonctions. Aucune annonce ne doit être faite si les décisions et les arbitrages internes n’ont pas été pris.
Des réunions de cohésion plutôt que des sorties de terrain
Pour faciliter cette cohésion indispensable, des séminaires doivent être multipliés tant avant l’arrivée au pouvoir qu’une fois en charge des responsabilités. Et cela concerne aussi bien les ministres que les parlementaires, que ce soit en période de calme ou en cas de crise.
Ces réunions, qui sont plus importantes et plus utiles que les innombrables visites de terrain qu’effectuent aujourd’hui les ministres, doivent permettre en toutes circonstances d’ajuster en temps réel les positions et les actions. Délaissant la technique des éléments de langage dont la répétition évoque souvent la langue de bois, elles doivent s’attacher à préciser la stratégie, définir la ligne, répartir les rôles et mettre au point des arguments de fond pour contrer les attaques de l’adversaire et soutenir les positions du pouvoir.
Là encore, il ne s’agit pas de faire de la communication mais de la politique. La politique est un combat qui exige solidarité, discipline et cohésion des combattants.
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